Fleche retour aux articles de blogLes différents bénéfices du télétravail

Si nous vous avons déjà parlé de l'histoire du télétravail dans un billet de blog précédent, nous aborderons ici les points positifs de la mise en place du télétravail. C'est un article long, car sourcé et exhaustif, donc servez vous une tasse de thé et préparez vous à découvrir quelques impacts méconnus du télétravail. Parce qu'on parle mieux de ce que l'on connaît, nous nous sommes concentré sur le point de vu des acteurs du numérique, mais la plupart des points soulevés dans cet article peuvent être transposé à de nombreux secteurs d'activité.

Mots clés :

télétravail

Société

De plus, en plus de voix s’élèvent pour promouvoir le télétravail au fur et à mesure de son ancrage dans les pratiques managériales et de gestion de projet. Que ce soit au travers de conférences, d’articles, de retours d’expérience ou même plus simplement à la mise en avant de ces idées sur les réseaux sociaux, la communauté informatique présente de nombreux arguments en faveur du télétravail, et ce autant pour les employeurs que pour les employés, ce qui aide grandement à son adoption.
Ceux-ci sont parfois directs, comme la diminution du temps de trajet ou du nombre d’interruptions journalières, comme indirects avec par exemple l’augmentation du bien-être général de l’employé. Si ces arguments fonctionnent pour les deux parties, il est difficile de quantifier le bénéfice exact de l’implémentation du télétravail dans une entreprise, en coûts humains ou pécuniers, néanmoins il est possible d’étudier ses effets sur les personnes et sur leurs comportements.

Bien-être au travail

Dans une étude publiée en 2014 portant sur les facteurs de risques psychosociaux des conditions de travail des travailleurs en France et en Europe, la Direction de l’animation de la 15 recherche, des études et des statistiques (Dares) classe comme facteur de risque l’autonomie et la marge de manœuvre des employés. Elle souligne que la part des salariés français déclarant que leurs horaires de travail s’accordent mal avec leur engagement sociaux et familiaux (21%) est plus élevée que la moyenne européenne.

De même, 45% des salariés en France admettent avoir du mal à prendre quelques heures sur leur temps de travail pour régler des problèmes personnels, contre seulement 15% en Suède ou aux Pays-Bas. La moyenne européenne se situant à 38%, le temps professionnel et le temps extra-professionnel sont plus distingués en France que dans d’autres pays, notamment à cause d’horaires de travail moins flexibles, contrairement au Danemark par exemple, où 40% des salariés déclarent ne pas travailler selon des horaires fixes.

Les autres facteurs de risque mis en avant par la Dares dans le rapport de son étude sont :

  • Les exigences du travail, faisant référence aux contraintes de rythme, à la difficulté de trouver un équilibre satisfaisant entre vie privée et vie professionnelle, ou plus simplement à la pression morale ressentie au travail,
  • Les exigences émotionnelles, les français rapportant faire face plus souvent à des clients ou à un public difficile que la moyenne européenne,
  • Les rapports sociaux dans l’environnement professionnel, aussi bien avec les collègues qu’avec la hiérarchie, ainsi que la reconnaissance du travail,
  • Les conflits de valeurs, lorsque l’employé se sent obligé d’agir contre ses valeurs personnelles ou professionnelles,
  • L’insécurité économique, la peur de perdre son emploi et la crainte de changements des conditions de travail.

Tous ces facteurs peuvent être impactés par la mise en place du télétravail au sein d’une entreprise, de manière positive comme de manière négative en fonction de l’attention portée aux besoins des employés. Or, il est dans l’intérêt de toute entreprise de ses concentrer sur l’état d’esprit de ses employés pour diverses raisons.

Le bien-être au travail, une situation gagnant-gagnant

Les deux principaux acteurs du bien-être au travail sont l’entreprise (qui peut agir au niveau des méthodes de management, de gestion de projet, d’organisation du temps de travail ou même plus simplement sur la culture d’entreprise) et l’employé qui, s’il subit la plupart du temps les décisions de l’organisation pour laquelle il travaille, peut aussi être force de proposition et de changement au sein de celle-ci (en influant par exemple sur l’organisation du temps et des méthodes de travail).

L’aspect positif d’une meilleure qualité de vie au travail pour les employés est indiscutable par sa nature, nous ne nous y attarderons donc pas plus si ce n’est pour noter que la prévention et l’augmentation du bien-être au travail constituent même un enjeu de santé publique selon la Fabrique Spinoza (2013) ou encore le collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail (2011).

En effet, un salarié épanoui dans son travail présente des risques plus faible de contracter des maladies professionnelles comme le burn-out ou liées à sa situation professionnelle comme la dépression. La qualité de vie au travail des employés est donc un enjeu sociétal qui dépasse le simple cadre de l’entreprise et de la relation entre un travailleur et son travail. Si ce rapport entre bien-être au travail et effet positif sur l’employé est évident, qu’en est-il pour le second acteur : l’entreprise ? Sur plusieurs points celle-ci tire des bénéfices d’une amélioration de la situation de ses employés. Il faut aussi remarquer que le malheur est une prophétie auto réalisatrice : si le bonheur est contagieux (Fowler et Christakis dans le British Medical Journal, 2008), le malheur l’est aussi (Robert Green, 1998). Une entreprise qui ne prête pas attention au bien-être de ses employés pourrait donc connaître un effet domino néfaste.

Néfaste pour plusieurs raisons, en première ligne la santé des travailleurs. Comme signalé quelques phrases auparavant, le bien-être au travail réduit le risque de burnout et de dépression, or si ces maladies touchent au premier plan le salarié, elles ont un effet non négligeable sur l’entreprise. Un salarié en burn-out représente un poste à remplacer et donc une perte de productivité ponctuelle pour des postes classique, perte qui peut devenir rapidement importante plus l’employé en question jouait un rôle de premier plan dans la stratégie commerciale de la société. Sans arriver au burnout et à l’arrêt long du travail, les salariés qui évoluent dans un environnement négatif sont plus à même de s’arrêter pour des durées plus courtes, pouvant engendrer des frais médicaux pour l’employeur.

L’absentéisme de façon plus générale est en hausse dans la dernière décennie, s’élevant en 2017 à une moyenne de 17,2 jours par an, par employé. Et 42% de ces absences étaient imputables directement à une insatisfaction liée à la qualité de vie au travail (Ayming, 2017). Or, d’après Alma consulting, chaque point d’absentéisme représente un coût équivalent à 0,3% de la masse salariale, un coût non négligeable pour la trésorerie d’une entreprise.

Autre point primordial pour les entreprises : leur attractivité (spécialement dans le secteur de l’informatique et du numérique dans lequel la demande des entreprises est plus forte que la main d’œuvre disponible), est aussi modifiée en fonction de la qualité de vie au travail : 96% des personnes en recherche active d’emploi privilégient l’ambiance au travail et les relations avec les collègues dans le choix de leur nouveau poste, alors qu’elles ne sont ue 68% à privilégier la rémunération pour leur prochaine opportunité professionnelle (PageGroup, 2018).
Chez les jeunes, deux tiers des moins de 25 ans (69%) préfèrent rester dans une entreprise où ils se sentent bien plutôt que de partir ailleurs pour gagner plus. Non seulement l’attractivité des entreprises est étroitement liée à leur capacité à créer un environnement agréable pour leurs employés, mais le turnover, qui présente un coût pour l’entreprise, se retrouve aussi diminué par une amélioration de la qualité de vie au travail.

Un employé heureux dans son travail est aussi un employé plus engagé. S’il est difficile de quantifier précisément l’impact négatif d’un désengagement du personnel entraînant retards, erreurs, malfaçons, il est clair qu’une entreprise dont les salariés ne sont pas motivés aura des performances globales plus faibles que la même entreprise avec des employés engagés et volontaires. L’efficacité est justement la métrique principale qui valide cette relation gagnant-gagnant entre l’entreprise et ses salariés.

De nombreuses synthèses de plusieurs études concluent sur un lien de causalité entre le bien-être des salariés et leur efficacité, et donc de celle de l’entreprise (De Neve et al., 2013) (Bryson et al., 2015). Une méta-analyse de 225 études académiques démontre qu’en moyenne, les employés qui se déclarent heureux sont 31% plus productifs que les autres (Lyubomirsky, S., King, L. & Diener, 2005).


Schéma explicatif de la relation entre le bien-être au travail et la productivité chez un collaborateur Source : WellBeing Society, 2019.

D’après les travaux de Bryson, A. et al. (2015) Dans une entreprise informatique, les développeurs sont une ressource précieuse qui se doit d’être conservée. Comme des salariés classiques, les développeurs présentent un certain nombre de besoins auxquels l’entreprise devrait tenter de répondre au mieux de sa capacité. De plus, le fait d’être baigné dans la technologie prépare les développeurs différemment à la question du télétravail.

Besoins des développeurs

Les développeurs en informatique partagent donc les mêmes facteurs de bien-être au travail que la plupart des employés exerçant dans d’autres secteurs d’activité. Cependant, lors de leur recherche d’emploi, ou quand on leur demande d’évaluer leur satisfaction au travail et les causes de celle-ci, ils mettent en priorité l’accent sur les opportunités d’évolutions personnelles et professionnelles ainsi que sur l’équilibre entre vie privée et travail.

La rémunération, si elle reste un critère important, est secondaire comparée à ces deux facteurs principaux. Juste derrière, en particulier chez les développeurs juniors, apparaît la flexibilité offerte par leur poste au niveau des horaires mais aussi de la possibilité d’exercer leur métier en télétravaillant (HackerRank, 2018). Toujours selon cette même étude, le besoin de flexibilité dépasserait même la rémunération chez les développeurs européens.
Lorsqu’interrogés sur les méthodes qui leurs semblent les plus importantes à mettre en place pour améliorer l’équilibre de vie, qui est leur motivation principale, les développeurs répondent à plus de 80% que la possibilité de télétravailler est un critère important dans cet équilibre. Cette envie de télétravail avoisine même les 90% chez les développeurs séniors de plus de 45 ans. (HackerRank, 2018)

En se basant sur ces données, il semble évident que le télétravail, ou tout du moins simplement la possibilité de sa mise en place au sein d’une entreprise, est un atout majeur pour toute organisation qui souhaite étoffer son offre de recrutement pour attirer plus de développeurs dans ce marché compétitif. Mais, d’un autre côté, les développeurs jugent aussi l’attractivité d’un emploi ou d’une offre d’emploi en fonction de la culture d’entreprise et des relations entre les salariés et avec le management. Or, le développement d’une culture d’entreprise attractive, ou de relations positives entre les employés ou avec les managers peut être mis à mal par une utilisation mal préparée du télétravail.

Le bien-être des développeurs ne peut donc pas reposer uniquement sur cette option, et toute entreprise qui souhaite travailler sur la qualité de vie au travail de ses employés doit traiter cette problématique de manière globale, il apparaît qu’il n’existe pas de solution miracle unique qui permettrait d’atteindre la formule parfaite pour plaire à tous. D’ailleurs, chaque être humain étant différent, et présentant des besoins et des envies spécifiques à sa personne, les entreprises qui veulent implémenter le télétravail dans leur mode de fonctionnement par rapport à leurs employés ne doivent pas tenter de l’imposer.

C’est aussi là tout le sens de la législation existante en France sur le sujet : si le télétravail est possible sur simple accord des parties impliquées (travailleur et employeur), c’est in fine l’employé qui est maître de la décision. Un employeur ne peut forcer le télétravail s’il n’est pas contractuellement spécifié, et ne peut le refuser à un employé qui en fait la demande sans justification valable. (Code du Travail, 2019)

Pour bien comprendre et aborder les enjeux du télétravail pour les employés, il faut déterminer les avantages qu’il peut présenter pour eux. Ces avantages ne sont pas tous automatiques et dépendent de différents facteurs, que ce soit au niveau du type de métier exercé par l’employé ou au niveau des méthodes d’implémentations choisies par l’entreprise.

Bénéfices du télétravail pour les employés

Le télétravail est une demande forte des employés, il est particulièrement adapté aux métiers du développement informatique car le télétravail c’est le travail à distance soutenu par l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. Or, l’environnement dans lequel évoluent les développeurs est souvent propice à l’existence et l’application de ces technologies. Ceci découle du fait que le développement ne nécessite pas une présence physique et est donc déjà dématérialisé, et ce même lorsque les employés exercent tous dans les mêmes locaux, pour des raisons de facilitation du travail en équipe.

Ces raisons peuvent expliquer pourquoi la part des télétravailleurs dans le domaine du numérique est plus élevée que dans d’autres secteurs d’activité (OpinionWay, 2014). Le télétravail, c’est avant tout une plus grande flexibilité pour les employés, mais aussi une plus grande qualité de vie, au travail et en dehors, pour ceux qui le pratiquent. L’étude annuelle de l’OBservatoire du télétravail, des conditions de travail et de l'ERGOstressie (OBERGO), édition 2018, met en avant le fait que 96% des personnes interrogées déclarent que le télétravail a un impact positif sur leur qualité de vie. Dans la même étude, 84% relèvent une meilleure répartition entre le temps consacré au travail et celui consacré à leur vie personnelle et 81% soulignent que le télétravail leur permet d’avoir une plus grande marge de liberté dans la gestion de leur temps.

Mais les avantages du télétravail ne s’arrêtent pas à l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, les personnes sondées dans l’étude constatent être moins fatigués physiquement et mentalement par leur travail, une diminution du stress lié à leur activité, une augmentation du plaisir lié à leur travail et même une augmentation de la qualité du travail réalisé et de leur productivité. Ces métriques, quand elles sont rapportées aux besoins principaux des développeurs sont concordantes : les employés qui télétravaillent sont plus satisfait de leur activité professionnelle. De façon plus générale, le télétravail à un impact positif direct sur le bien-être au travail des employés, ce qui entraîne une plus grande productivité (Bosua et al. 2012).

Si le télétravail est autant plébiscité par les développeurs c’est donc parce qu’il répond à leurs besoins principaux au niveau de leur qualité de vie au travail, plus de flexibilité au niveau des horaires et de la répartition des moments de travail dans la journée, un plus grand plaisir à travailler et donc un plus grand engagement dans les projets, une meilleure gestion de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle sont autant de critères que les développeurs mettent en avant lorsqu’ils doivent définir le cadre qui leur permet d’avoir une plus grande qualité de vie au travail (HackerRank, 2019), le télétravail coche toute ces cases. Mais le télétravail n’est pas uniquement bénéfique à celui qui l’exerce, par effet dominos en augmentant le bien-être des salariés, il bénéficie aussi à l’entreprise.

Bénéfices du télétravail pour les entreprises

Le bénéfice principal de l’implémentation du télétravail dans une entreprise et le même que lorsque celle-ci entreprend d’augmenter le bien-être de ses employés : un gain de productivité (cf. Figure 1). Ce bénéfice découle donc logiquement du télétravail, car le télétravail augmente la qualité de vie au travail des employés. Ce levier sur la productivité liée au télétravail n’est pas l’unique atout pour les entreprises, le télétravail en lui-même est un outil qui augmente la productivité.

Selon une étude commandée par la direction générale des entreprises (DGE) en 2012, le télétravail accroîtrait en moyenne la productivité de 5% à 30%, et ce pour diverses raisons qui dépassent la simple amélioration de la qualité de vie des employés : les télétravailleurs sont soumis à moins de distractions et de perturbations que lorsqu’il travail au sein de locaux partagés, le télétravail rend la communication professionnelle plus factuelle et efficace, le télétravailleur a le sentiment d’être digne de confiance, augmentant sa motivation. La balance optimum entre télétravail et présence physique dans les locaux de l’entreprise serait de 2 jours par semaine selon ce rapport, cette durée serait celle qui permettrait au salarié de répartir le plus efficacement ses tâches afin de bénéficier des avantages spécifiques des deux modes de fonctionnement de la manière la plus appropriée.

Au-delà des bénéfices sur la productivité, le télétravail présente des solutions à d’autres problématiques importantes pour les entreprises :

  • Le télétravail augmente la flexibilité des ressources humaines : un télétravailleur peut être assigné à une équipe ou à un projet spécifique avec plus de facilité en étant moins affecté par des soucis d’organisation physique et par les contraintes de lieu ou de temps,
  • Le télétravail réduit l’absentéisme et les retards, en particulier ceux liés aux transports,
  • Le télétravail réduit les frais de dépenses généraux liés au transport ou à l’aménagement de locaux. De plus, si l’employé est légalement responsable des frais engagés par le télétravailleur 21 (matériel spécifique, consommation électrique, etc.), certains télétravailleurs, en particulier dans le domaine de l’informatique, sont déjà équipés du matériel nécessaire,
  • Le télétravail élargit le champ de recherche des employeurs lorsqu’ils souhaitent recruter : dans le secteur compétitif du développement, qui présente une balance de l’offre et de la demande en faveur des employés, la possibilité de recruter virtuellement sur la totalité de la surface du globe est un atout indéniable sur la concurrence qui n’utiliserait pas ces solutions et resterait cantonnée au marché de l’emploi local.

Enfin, le télétravail c’est aussi un outil d’inclusivité puissant, qui permet aux entreprises de s’adapter à des contraintes fortes liées à un handicap par exemple, et ce sans devoir aménager leurs locaux. Le FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique) pour le secteur public, ou l’Agefiph (association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) pour le secteur privé, prennent en charge les coûts liés à la mise en place de ce mode de travail pour les salariés handicapés.

Les réflexions sur cette utilisation du télétravail comme outil pour permettre aux travailleurs handicapés d’exercer un métier avec moins de contraintes datent des débuts du télétravail, l’on trouve ces idées dès 1987 dans un texte mettant en avant les avantages de cette solution pour l’inclusivité tout en nuançant cependant le propos : « Le télétravail peut apporter des solutions, mais aussi créer des problèmes supplémentaires », l’auteur soulignant ensuite la nécessité d’aborder la problématique de l’inclusivité face au handicap d’une manière globale (Marco Diani, 1987).

Bénéfices du télétravail sur le plan sociétal et écologique

Au-delà du cadre de l’entreprise ou des conditions de travail des employés, le télétravail à un impact au niveau écologique et sociétal. En France la consommation électrique représente une faible part des émissions de gaz à effets de serre grâce à son mix énergétique axé sur une grande part de nucléaire associé à des énergies renouvelables. La part des centrales thermiques à flamme était de 10,3% en 2017 d’après EDF et celle du nucléaire s’établissait à un peu plus de 70%. L’apport du télétravail dans la diminution de la consommation électrique, qui réduit ou annule les besoins en électricité des bureaux amenant à une baisse des émissions de CO2, est donc négligeable en France.

Néanmoins il est bon de signaler que si l’on s’intéresse aux parts des différents modes de production au niveau mondial, ces proportions s’inversent. Hors du cadre Français, le télétravail a donc un impact sur la pollution liée à la consommation électrique. Le point principal sur lequel le télétravail va avoir une influence au niveau écologique est le secteur du transport. En France d’après une étude de Citepa en 2017, 38% des émissions de CO2 viennent du transport et, d’après l’INSEE, en 2015 70% des salariés se rendaient en voiture sur leur lieu de travail. L’utilisation du télétravail ne réduirait pas seulement via un lien direct cette pollution liée au déplacement des travailleurs, mais pourrait aussi avoir des impacts plus profonds liés à un effet pédagogique sur les individus.

Lorsqu’il est responsabilisé, l’employé aura tendance à modifier les actions et les choix sur lequel il a désormais une autorité directe et ces changements se feront ressentir hors des heures de travail. Plus simplement, un salarié qui n’est pas stressé tous les matins dans les embouteillages pour se rendre au travail aura plus de facilité, lorsqu’il est confronté à la même situation sur son temps personnel, à suivre les recommandations des différents organismes écologiques sur le sujet (rouler moins vite par exemple). Cette logique s’applique aussi aux autres modifications liées au télétravail (réduction de l’utilisation du papier, réduction de l’utilisation d’électricité liée à un besoin de confort thermique, etc.). D’après un rapport de la Syntec informatique de 2010, un employé qui télétravaillerait à hauteur de 2 jours par semaine réaliserait un gain direct de 800Kg de CO2 par an (soit près de 10% de son bilan carbone total). Au niveau mondial, le télétravail pourrait, en 2020, représenter jusqu’à 260 millions de tonnes de CO2 (The climate group, 2008).

Sur le plan plus large de la société, l’ensemble des avantages du télétravail, que ce soit pour les salariés, les entreprises ou l’environnement, peuvent avoir un impact sur son organisation. Les aspects les plus évidents sont économiques, si le télétravail permet une plus grande efficacité et donc libère des fonds pour les entreprises, celles-ci peuvent les réinvestir afin de créer plus de valeur. De l’autre côté, cette amélioration de l’efficacité pourrait aussi se traduire par des besoins moins élevés chez les entreprises. Aujourd’hui, dans le secteur de l’informatique, cette diminution du besoin n’impacterait que peu le marché du travail du fait de l’existence d’un déséquilibre entre demande et main d’œuvre, mais la réduction du travail disponible lié à l’automatisation des tâches (dont le secteur informatique ne sera pas exempt) pourrait amener à repenser l’organisation du travail, le télétravail étant un outil flexible qui servirait à une meilleure répartition de la charge existante. Le télétravail est aussi utile dans le cadre d’un travail partagé, situation dans laquelle une personne travaille pour de multiples employeurs différents, sur des contrats à temps réduits par exemple, l’avantage du télétravail étant de ne pas limiter le salarié géographiquement dans ce cas.

Au niveau des salariés, les impacts sur leur vie privée, qui à leur tour ont un impact sur la société, sont multiples :

  • 87% des salariés qui pratiquent le télétravail jugent que celui-ci a eu un impact positif sur la qualité de leur vie familiale, 80% déclarant pouvoir allouer plus de temps à cet aspect de leur vie (OBERGO, 2018), cette amélioration est aussi l’une des caractéristiques que recherchent les développeurs dans un emploi, en particulier les séniors (HackerRank, 2018),
  • Selon l’OBERGO toujours, 46% des télétravailleurs alloueraient grâce à leur mode de travail plus de temps à leur implication dans des activités locales (vie associative, voisinage, …) et 64% dégageraient plus de temps pour leurs loisirs,
  • Enfin, 83% des femmes interrogées dans l’étude et 77% des hommes ressentent une amélioration sur leur santé à la fois physique et mentale. Lié notamment à une diminution du stress, ce qui réduit les risques de burnout.

Plus que dans l’organisation du temps de travail dans la société, le télétravail pourrait avoir un impact sur la qualité de vie de l’ensemble de la population. Le facteur environnemental bénéfique que représente le travail à distance à une époque où l’urgence écologique est déclarée ne serait pas un avantage uniquement pour ceux qui le pratiquent. La réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la congestion des zones urbaines et péri-urbaines et donc une amélioration de la qualité de l’air via une diminution des particules fines émises par les véhicules, la possibilité de travailler efficacement hors des villes grâce au développement de l’accès à internet haut-débit sur l’ensemble du territoire, sont autant d’impacts sur la société dans sa globalité et de sa relation non seulement au travail, mais à son organisation autour de problématiques plus vastes (mobilité géographique, réduction de l’exode rural, changement de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, lutte contre le changement climatique). L’implémentation du télétravail ne doit donc pas être uniquement pensée dans le cadre de la relation salarié-entreprise, mais doit aussi être une problématique traitée au niveau national par les services publiques et l’État qui doit anticiper ses effets.